Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Catherine Faucheux et j’ai un parcours un petit peu atypique. J’ai fait un bac paramédical et une école d’assistance sociale. J’ai eu mon diplôme et j’ai décidé de voyager à travers le monde, cela m’a appris beaucoup de choses sur moi et sur l’humain en général. Quand je suis rentrée plus tard je voulais faire de l’intérim pour ne pas être trop fixe, je voulais garder cette idée d’être « libre ». Ensuite j’ai ressenti l’envie de m’installer, le social était une évidence pour moi et j’ai postulé au Service d’Aide à Domicile.
Depuis combien de temps êtes-vous dans le Service d’Aide à Domicile ?
Cela fait une quinzaine d’années maintenant que je fais ce métier et je ne m’en lasse pas !
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
J’avais besoin de me sentir utile et d’être sur le terrain. Être trop longtemps derrière un bureau, ce n’est pas pour moi, j’ai la bougeotte ! Ma principale motivation était d’avant tout avoir un contact humain dans ce que je fais au quotidien.
Qu’est-ce que vous faites concrètement ?
En général, je me rends chez les bénéficiaires à leur domicile et je vais faire tout ce qui est utile et agréable pour eux. C’est très varié, ça peut être changer une ampoule, faire une toilette, aller se promener, faire du ménage ou encore faire des courses : il faut savoir tout faire ! (rires). Il faut prendre le de temps de discuter et d’échanger avec les bénéficiaires. Ils peuvent se sentir très seuls. Dans mon métier le relationnel c’est le plus important, il y a toujours l’humain qui entre en compte après la tâche initiale, c’est essentiel.
Je fais également de la stimulation cognitive pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, je me base beaucoup sur le jeu, c’est la meilleure méthode selon moi pour partager avec la personne en étant sur un pied d’égalité.
Qu’est-ce que vous préférez dans ton métier ?
Le relationnel avant tout : échanger, les accompagner et être à l’écoute. Les souvenirs sont très importants. L’écoute des souvenirs apporte de la joie à leur quotidien, ça aide à créer une relation de confiance. La perte d’autonomie n’est pas vécue de la même façon par tout le monde. Cela peut être difficile mais ma mission contribue à maintenir les bénéficiaires à domicile le plus longtemps possible.
Une anecdote qui vous a marquée ?
En 15 ans j’ai rencontré beaucoup de gens donc ce n’est pas facile (rires). Un bénéficiaire en particulier m’a beaucoup marqué, il était sujet à la dépression et n’avait plus envie de sortir de chez lui. En gagnant sa confiance j’avais réussi à le décider à aller à un thé dansant l’après-midi et ça lui faisait beaucoup de bien, il était également d’ailleurs très fort en billard (il y avait un club à Versailles) il avait décidé de retourner au club en ma compagnie et de m’apprendre par la même occasion. C’est un moment où l’on arrive à oublier l’état de « service » et l’humain prend le dessus à 100%.
C’est une victoire aussi pour moi, de réussir à sortir les bénéficiaires de leur cadre habituel.
Est-ce que vous avez une journée type ?
Toutes les journées ne se ressemblent pas. Je vais commencer une journée en allant chez un couple pour m’occuper d’un bénéficiaire qui est alité, il ne peut pas discuter mais cela permet à sa femme de se vider la tête, de partir faire un tour car elle doit s’en occuper 24h sur 24h. Je discute aussi avec sa femme qui a besoin d’évacuer. J’apporte de l’aide aux bénéficiaires mais aussi aux aidants, c’est un tout.
Que pourriez-vous dire à quelqu’un qui a envie de faire ce métier ?
Selon moi la clé de ce métier, c’est la patience ! Le service à domicile c’est un jeu de confiance. Lorsqu’on arrive chez un bénéficiaire on est une personne étrangère qui entre dans leur intimité. Il peut y avoir parfois une certaine méfiance, la peur de l’inconnu. Derrière le service rendu c’est une relation humaine qu’il faut construire et c’est là que réside toute la beauté de ce métier.